Ajouté le 21 aôut 2007

Scénes de Rock en France

1992-1993 : état des lieux
EAN : 9 782867 388682
ISBN 2 86738 868 6
909 603 1
Prix : 140 Frs
Auteurs : Max Well, François Poulain
Editeur : Syros Alternatives

Vu sur le site de l'éditeur :
...Et pourtant, la vente continue et 1993 restera un assez bon millésime , avec la publication d'un énorme travail, en deux tomes, sur l'histoire des Arts ménagers, de Jacques Rouaud, la poursuite des collections Droit Fil, Pollen et Collector's, et quelques "hors collection" sur le thème de la musique : le flamenco ( Flamencos ), du photographe René Robert, le rock ( "Scènes de rock en France" , voir ci-contre le portrait de Didier Wampas extraite du livre), par le duo François Poulain/Max Well et le jazz ( Escale au New Morning ), avec des phots de Jean-Pierrre Julien. ...

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Les Ecorchés Vif*
Ex-fans des seventies.
(*) titre de Noir Désir

NOIR DESIR - DOMINIC SONIC - JOHAN ASHERTON - SHREDDED ERMINES - BLACK MARIA - TUPELO SOUL - JAD WIO - KAT ONOMA - LE CRI DE LA MOUCHE - STEPPING STONES - CYCLOPE

ll est des groupes qui n'ont pas négligé l'apport des seventies (Doors, Velvet, Iggy Pop, Bowie,Roxy... jusqu'a Joy Division) et sur lesquels le Punk n'a pas laissé - trop - de traces, ni le classicisme strictly Rock'n roll. Tout simplement, ceux-là font ce dont ils ont envie (comme les autres direz-vous), chantent en anglais ou français, ou les deux, n'ont pas peur des méchantes majors compagnies, ni de voir leurs titres figurer dans la taupe 50, mais sans complaisance, sans faire la "pute". Ici donc, bêtement regroupés, des gens qui ne forment ni un courant, ni une tendance (même si on peut esquisser une ligne entre Noir Désir, Tupelo Soul, Black Maria, Shredded Ermines, Dominic Sonic et Johan Asherton, voir Kat Onoma, une sorte de parenté à l'axe Marquis de Sade-Marc Seberg ?), et qui, un peu à l'écart des autres, laissent mûrir leur propre personnalité au gré de leurs albums.

Noir Désir

C'est Théo Hakola, l'Américain de Passion Fodder, qui, en 86, tombé sous le charme de leur
maquette, fera le forcing pour faire signer Noir Désir sur Barclay. C'est ainsi que les Bordelais déboulent l'année suivante avec l'authentique brûlot Où veux-tu qu'je r'garde, mini LP qui enflamme autant la critique que le public. Un Rock pyromane où plane l'ombre des grands, les
Doors, le blues, le Gun Club évidemment, et cette voix déclamatoire à rapprocher de l'école rennaise, mais moins académique, plus profonde, détrempée de Swamp-blues, qui vient du tréfonds des bayous de l'estuaire girondin. Son relatif succès n'empêche pas le groupe de prendre son temps pour la réalisation du second disque Veuillez rendre l'âme (à qui elle appartient). Textes tourmentés, poésie écorchée et références littéraires, mais aussi jeux de mots-calembours (Aux sombres héros de l'amer) : Noir Désir se plaît à désamorcer le sérieux qui l'incombe, et d'éviter le piège de l'étiquette intellos-obscurs. Au contraire, Bertrand, Serge,
Fred et Nini s'avèrent être de joyeux personnages, à cent lieux de l'image que l'on peut s'en faire. Lucides face au succès grandissant, réellement envoûtants sur scène où ils excellent, dégageant force et beauté convulsive, ils prendront le temps de ressourcer leur créativité et de conquérir, au-delà d'un large public déjà acquis, les aficionados du Rock, sceptiques face à ce groupe qui n'est pas issu de la vague alternative. En effet, Noir Désir a commencé au tout début des années 80, sans se faire remarquer, affinant son propre style dans les caves bordelaises.
Le groupe s'acquittera par son attitude de cette crédibilité de la rue en demandant par exemple aux Thugs d'assurer une première partie à l'Olympia, place habituellement réservée à un poulain du label du groupe.
En 91, après leur "seulement" troisième disque, les Noir Désir semblent marquer un nouveau pas vers l'indépendance, refusant de jouer dans de trop grandes salles, limitant les prix d'entrée, tout en poursuivant une ascension spectaculaire:
tournée marathon, neuf Olympia sold-out, second disque d'or mais sans médiatisation outrancière. Ils refuseront d'ailleurs d'aller s'exhiber en play-back dans les émissions de télé savonnettes.
C'est sur scène, au bord de l'épuisement, exténués, mais ravis d'avoir tant donné que les
Noir Désir trouvent leur raison d'être. Cherchant à se préserver de la gangrène du showbiz, ils préfèrent les bars rock de Bordeaux aux cocktails parisiens. En 92, après une année sabbatique (problème de voix du chanteur et break salvateur) les Noir Dés' reviennent avec Tostaki - condensé de Todo esta aqui -, un album produit par Ted Niceley (Fugazi, Dirty Hands...), prêts semble-t-il à botter le derrière des empêcheurs de rocker en rond ! On compte sur eux plus que jamais.