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Ajouté le 1er mars 2008

Amadou BALDE & Denis Barthe

Vu sur lequotidien.sn :

Samedi 1er mars 2008
MICRO OUVERT – Amadou Baldé, artiste de Sinsa music : Retour au pays d’un enfant prodigue

Amadou Baldé est un musicien originaire du Fouladou. En 1989, ce fils de poètes et marabouts fuit sur un coup de tête, et se retrouve au Maroc puis en France, où il se lance dans son art et accède à une certaine notoriété. Aujourd’hui, il est de retour au Sénégal avec un album, Lumbara, et de nombreux projets dont la création d’un festival de rock. Entretien.

«J’ai vécu 20 ans en France, et maintenant je suis de retour au Sénégal, c’est la première fois que je fais la promotion d’un album sur le territoire national. Je suis originaire de la région du Fouladou, au sud du Sénégal. Je suis issu d’une famille peule. Pour l’instant, je ne me produis pas encore devant le public sénégalais, je suis dans la phase de promotion de mon album, avec des rencontres avec les médias…

Je chante depuis l’âge de 5 ans. Mes parents ont écrit pas mal de livres sur la vie du prophète Mohammed (Psl). Donc comme cela se fait dans les familles religieuses, j’ai appris à chanter très jeune, les litanies religieuses... Après mon cycle primaire, je suis parti à Kolda faire le cycle secondaire.»

L’EMIGRATION

«J’ai voulu fuir pour devenir adulte. Je suis parti sur un coup de tête, le 2 janvier pour la première destination qui était indiquée, le tout premier vol, qui était à destination de Casablanca. De Casablanca, j’ai pris un bus et je suis parti à Fès où je me suis inscrit au conservatoire arabo-andalou où j’ai appris la musique, et là j’ai commencé à rencontrer des groupes. Puis je suis parti en France, à Bordeaux, où j’ai rencontré le batteur de Noir Désir, qui est quand même le groupe phare du rock européen. Il m’a hébergé pendant environ 6 mois, ce qui m’a permis de rencontrer mon staff, de groupes en groupes. Entre nous, la mayonnaise a pris, on a fait des premières parties : celle de Burning Spears, Salif Keita, etc. Plus tard, j’ai travaillé avec les Manufactures verbales pour leur album. Après, on a eu un festival, le Tremplin rock, à Libourne. J’ai été vainqueur, et ça m’a permis d’enregistrer mon premier album Moutoudo Diop, en 95. Et de là, je me suis inscrit dans une école de jazz. Puis, je suis parti sur Paris et saint-Germain en Laye. C’est là que j’ai rencontré pas mal de gens que je suis assez fier d’avoir connu : les derniers dinosaures du jazz : Steeve MacCraven et tant d’autres. J’ai aussi travaillé sur un projet avec Claude Nougaro, juste avant sa mort. Sinon, j’ai tourné un peu partout pour les festivals.»

PROJETS AU SENEGAL

«Mon but, maintenant, c’est de créer un festival ici, parce que je trouve que l’échange culturel se fait d’un seul côté : on prend que des Africains ici qu’on amène en Europe, et moi le but c’est de prendre des Européens, et de les amener ici. Parce que les gens ici, ils écoutent quand même du rock, du jazz, du blues. Mais, ils n’ont jamais vu de groupes de rock européens jouer ici. Il faudrait donc un échange culturel et parrainer un groupe après le festival. Car, il y a déjà un projet de réaliser le même festival dans le Sud de la France, à côté de Marseille, à Aix-en-Provence. Ici, ce sera les 72h du Fouladou, et là-bas, ce sera la semaine du Fouladou. Il y aura une rencontre entre les artistes sénégalais et ceux de là-bas. J’organise ce projet avec le responsable du plus grand festival du Sud, qui est le Zic Zac. Il est d’ailleurs venu ici avec moi. On a déjà commencé à prendre les repères, on a été un peu partout dans le pays, et on a choisi la Casamance. Mais on est en phase de reconnaissance, car il faut d’abord que les gens sachent qui est Amadou Baldé. Je me donne deux ans pour mener à bien ce projet, pour concrétiser ça et en faire quelque chose qui tienne la route. Là, je repars en France, car j’ai été sélectionné pour participer à un festival, après lequel j’embrayerai directement sur une tournée.»

RETOUR AU PAYS APRES TANT D’ANNEES

«Tout le monde veut fuir, aller en Europe pour travailler, pour chercher de l’argent. Moi, j’y suis allé pour apprendre la musique, pour ramener un savoir, et je reviens avec ce bagage. Maintenant, je sens vraiment que j’effectue un retour vers mes origines. Mon désir de fuir que j’avais quand je suis parti, c’était parce que j’avais envie de faire quelque chose dans la musique. Moi, je suis fils de grands marabouts, mes parents sont parmi les cinq premiers marabouts de l’Afrique, des cinq premiers poètes en Afrique, et me retrouver d’un seul coup à faire de la musique, quelque part je salissais un peu l’univers de mes parents. Par respect, je suis parti pour avoir ma propre liberté. Et là, à mon retour, j’ai fait une chanson sur Thierno Amadou, qui est le khalife général de tous les peulhs de la Casamance. J’ai demandé la permission aux chefs religieux, et à toute ma famille. Et ils se sont dit qu’après 20 ans, ce devait être encore plus qu’une passion, plus qu’un métier, c’est ma vie. Ils s’en sont rendus compte et m’ont donné carte blanche pour que je revienne.»

 

Vu sur walf.sn :

Profil
Amadou BALDE, auteur-compositeur du Fouladou : Le nouveau défi de l’apôtre du Sinsa

De Médina El Hadj, bourgade religieuse située à 18 km de Kolda, à la scène musicale internationale, Amadou Baldé a gardé entier son penchant pour la musique. Avec son nouvel et deuxième album, il affiche son originalité à travers le sinsa, un genre métissé, hérité des peuples nomades.

L’histoire d’Amadou Baldé, c’est celle d’un homme parti de son terroir pour aller à la recherche du…bonheur musical. L’homme ne se plaint pas trop. Lui qui est à la tête d’un groupe de quelque dix musiciens établis en France. Son histoire commence à Médina El Hadj, foyer religieux situé à 18 km au Sud-est de la commune de Kolda. Là, personne ne bat du tam-tam, il n’y a pas non plus de décibel qui brise le silence. Amadou a grandi dans ce village, le virus de la musique dans le sang dès sa tendre enfance, malgré le dédain de ses parents, et de sa communauté pour le jeu des instruments, considéré comme dévalorisant. Juste après l’école élémentaire, le jeune Baldé fait sur cap sur Saré Soukabé (la ville des jeunes, en peul), l’autre nom de Kolda. Et là, comme on le devine, il se libère de l’ambiance d’austérité religieuse de Médina El Hadj et raffermit son penchant pour la musique. Il partage son temps entre les cours au collège de la commune et les répétitions de l’orchestre ‘Moussa Molo’. Ce groupe de musiciens est fondé par des jeunes en provenance de la Guinée voisine qu’ils ont fuie pour échapper aux foudres de Sékou Touré. Grâce à sa belle voix, Amadou Baldé y est rapidement enrôlé en tant que chanteur. Et c’est le même rôle qu’il assurera à l’orchestre communal de Ziguinchor où il est arrivé, comme nombre de jeunes koldois, poursuivre ses études dans le cycle secondaire. Le Bac C en poche en 95, il débarque à Dakar. En plus des cours à la Faculté des sciences de l’Université, il enseigne à l’école d’entraide Fanco-arabe. Rien à faire, l’enfant de Médina El Hadj garde intact son attrait pour la chose musicale. Et son voisinage avec le Super Diamono d’Omar Pène lui permet d’entretenir la fibre musicale. Un jour de l’année 1988, l’histoire prend un nouveau tournant pour lui. Son rêve devient réalité. Il part à Casablanca au Maroc. Sa rencontre avec la musique religieuse l’enflamme. D’autant plus que c’est une ambiance qu’il connaît bien. Car, tout jeune, il a été bercé par les litanies du matin et du soir de la grande mosquée de son village. Il prend goût à la poésie musicale arabe.

Il faut, à tout prix, aller à Fès, ville de Cheikh Ahmed Tijane, où il s’inscrit au Conservatoire Arabo-andalou. Objectif : s’initier à la musique soufie. Un an après, Amadou gagne son ticket pour l’Espagne où il fait six mois à jouer de la musique locale. La barrière linguistique l’oblige à traverser les Pyrénées, et se retrouve à Bordeaux. Ici, le coup du hasard et de … l’audace lui permet de rencontrer son futur logeur, qui se trouve être un musicien de talent, batteur dans le mythique groupe de rock français, Noir Désir. Et cela autour d’une tasse de café. ‘Quand l’homme est entré dans le restaurant où je prenais un café, il fait sa commande, et je lui ai dit que j’allais régler l‘addition. Il en était quelque peu ému et m’a proposé de m’héberger le temps que je régularise ma situation ’, se souvient Amadou.

Cette rencontre-là, il en avait déjà rêvé lors de son séjour au Maroc. Dans un de ses morceaux, il chante sa reconnaissance à son bienfaiteur : ’J’ai rêvé de l’homme, arrivé, je l’ai rencontré.’ Le voilà projeté sur les grandes scènes avec le privilège de jouer avec son groupe, Le Fouladou Band, les avant-premières de Manu Dibango, Salif Keïta, etc. Son premier album est sorti sur le marché en 95. C’est un hommage à Mourtoudo Diop, un Mauritanien, victime des tragiques événements sénégalo-mauritaniens de 89. Dans sa musique, il n’y a plus de relents de jazz, un genre musical auquel il a fini de se familiariser. Désormais, Amadou Baldé joue ‘le sinsa’, ‘un genre musical métissé, car les peules nomades ont embrassé ce rythme au cours de leurs pérégrinations’, souligne-t-il. ‘J’ai rompu avec le jazz, parce que je veux rester moi-même’, explique le musicien de Médina El Hadj. Son nouveau projet ? Organiser un festival dénommé les 72 heures du Fouladou avec de grands groupes de jazz et de rock. Pour l’heure, Amadou s’emploie à assurer la promotion de son deuxième opus, Loumbara (le défi en peul). Dans ce Cd, il chante son guide Baydi Rassoulou, établi à Médinatoul Houda (Médina Gounass, à Vélingara). Le mbalax n’est pas sa tasse de…café. ‘Un étranger qui regarderait les télés sénégalaises croirait que c’est le même musicien qui passe. Car c’est le même genre, parce que les gens n’ont pas appris la musique. Alors que ça s’apprend !’, avise-t-il un ton ironique, mais qui révèle assez bien le souci d’originalité de l’homme.

Hamidou SAGNA



Dernière modification le 16/09/2013 à 22:16


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