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Ajouté le 11 mai 2008

Merci à Cyril C. de m'avoir transmis le lien de l'interview de sergio au sujet du nouvel album.
Vu sur lagruyere.ch

Serge Teyssot-Gay et Zone libre
«Désapprendre la musique»


Serge Teyssot-Gay, guitariste de Noir Désir, était de passage à Bulle, mardi soir, pour présenter Zone libre, son actuel projet bruitiste. L'occasion de parler avec lui et ses deux acolytes, de composition, de prise de risques et – bonne nouvelle – du futur nouvel album de Noir Désir.


Zone libre, sur la scène d’Ebullition: une expérimentation sonore, qui se renouvelle à chaque concert (photo Jessica Genoud)

Mardi soir, Ebullition a vécu un de ces concerts à vous faire vriller les tympans de plaisir. Sur la scène: Zone libre, le trio instrumental composé de Serge Teyssot-Gay (guitariste de Noir Désir), Marc Sens (guitariste qui a notamment travaillé avec Yann Tiersen) et Cyril Bilbeaud (ex-batteur de Sloy) présentait son album Faites vibrer la chair, publié en 2007, et distribué en Suisse depuis peu par Irascible.

Cinquante minutes de delirium bruitiste, de vagabondages extrasensoriels dans des contrées inexplorées du cortex humain. Envoûtante et machiavélique, cette expérimentation sonique est la marque d'un groupe en perpétuelle mutation. Rencontre avec le trio le plus barré du rock français.

Comment est né le projet Zone libre?

Serge Teyssot-Gay: Marc et Cyril jouaient déjà ensemble, dans Scrape Project. Je bossais avec Marc sur un projet littérature/musique. Et nous avons simplement eu envie de tenter un truc à trois.

Votre point de départ?

Marc Sens: On a improvisé durant une quinzaine de jours. C'était assez libre, on est partis de rien.

S.T.-G: On a fait le disque un an plus tard, toujours au mois de janvier. On a réécouté les idées, on se les est remises dans les pattes la journée et on les enregistrait le soir…

Etait-il évident dès le départ qu’il n’aurait pas de textes?

Cyril Bilbeaud: Oui. On n’est pas un groupe de paroles, tout notre langage passe par la musique. On n’a pas besoin de causer. Pour le deuxième disque (qui sortira en 2009), on bosse avec deux rappeurs: Hamé, de La Rumeur, et une Parisienne qui s’appelle Casey.

S.T.-G.: Hamé voulait tenter une expérience avec de «vrais» musiciens. On lui a fait écouter un morceau pouvant accueillir un flow rap et il a flashé… On s’est retrouvés trois jours pour concrétiser le projet et tout a été superfluide, car on avait plein de choses à se raconter musicalement.

Le passage de Zone libre à la scène s’est-il fait naturellement?

C.B.: Oui, c’était évident. C’est une musique de scène, basée sur l’énergie, la fusion entre nous trois. C’est très organique.

D’un concert à l’autre, comment les titres évoluent-ils?

S.T.-G.: On commence toujours par une impro. Pour se mettre à l’aise et prendre la scène, le moment.

C.B.: Après, on respecte les structures de l’album. Il y a des zones de liberté. On connaît le début et la fin. Au milieu, il peut se passer un tas de trucs… D’ailleurs, les accidents et les imprévus sont les bienvenus. On se renouvelle en permanence. C’est trippant. C’est ce qui manque à beaucoup de groupes qui répètent 500 fois les mêmes morceaux.

Vous arrivez donc à vous surprendre vous-mêmes?

S.T-G.: Carrément. En fait, je passe la soirée à écouter mes potes (rires)!

M.S.: Je ne conçois pas la musique autrement que pour être libre. Je déteste les trucs trop formatés. Bashung, par exemple, c’est vachement bien, mais pour moi c’est trop calculé…

S.T.-G.: Ça dépend des musiciens. Marc est extrêmement instinctif. Moi, j’ai besoin de structures, de repères, pour tourner autour.

Cette formule exige donc une complicité parfaite…

C.B: Ça ne fonctionne pas sans écoute. Il n’y a pas de routine. On doit rebondir à chaque nouveau truc. C’est complètement naïf et, en plus, c’est rigolo. Comme batteur, je prends le risque de rejouer certains schémas. Avec le fait qu’on ne répète pas trop souvent, on appréhende à chaque fois les titres différemment.

M.S.: Si tu donnes une guitare à un gamin, il jouera sans réfléchir, sans avoir peur du ridicule… Plus on grandit, plus on réfléchit.

S.T.-G.: En fait, il faut avoir l’impression de désapprendre la musique! Il faut jouer les titres qu’on connaît par cœur comme si c’était la première fois.

Votre musique demande beaucoup d’attention de la part du public…

S.T.-G.: C’est super! (rires) Et ça implique une tension qui se ressent dans notre musique. Le public est très attentif. Entre deux morceaux, on entend souvent un silence total.

Zone libre, Faites vibrer la chair, Irascible

Noir Désir prépare un nouvel album
Serge Teyssot-Gay, vous avez aussi un projet baptisé Interzone avec Khaled Al-Jaramani; où en est-il?

Nous sommes en pause après deux albums et deux tournées. On prend du temps chacun de notre côté, avant de revenir, dans quelques années.

Que vous a appris ce travail avec un joueur de oud?

J'ai appris à jouer comme un musicien oriental… Et lui commençait à jouer comme moi, à sortir des riffs avec son oud! Un jour, il m'a dit que je jouais comme un Syrien… En fait, j’ai beaucoup appris sur les rythmes. A la fin, des idées jaillissaient en dehors de ma culture d’origine. Des trucs qui n’ont plus rien à voir avec le rock binaire…

Vous avez essayé de jouer du oud?

C’est l’enfer! Pour un violoniste, c’est facile… Mais moi, quand il n’y a pas de frets, je suis largué!

Comment le projet a-t-il été reçu au Proche-Orient?

Très bien, surtout de la part des jeunes Syriens. Les vieux trouvent que Khaled ne joue pas «comme on doit», de la manière classique, tournée vers l’intérieur. Lui projette le son à l’extérieur, de manière un peu keupon…

Qu’en est-il de Noir Désir?

On s’est remis au boulot. On projette d’enregistrer un album durant l’hiver prochain… C’est court, mais on a besoin d’une échéance pour se structurer.

Sentez-vous une forte pression du public?

Je n’y pense pas trop. Pour tous mes projets, je bosse avec des gens que j’adore et avec qui je m’éclate musicalement. Ce sont des gens qui m’enrichissent humainement. Après, tant mieux si le public suit.

Vous avez dû retrouver une nouvelle fraîcheur?

Je ne peux pas encore parler de direction, car elle n’est pas assez claire… Mais, il y a une odeur nouvelle… On n’a plus composé ensemble depuis 2000. C’est long. Chacun a évolué selon son propre parcours. C’est vachement intéressant.

Des concerts en vue?

Non, pas pour l’instant. Plus tard, peut-être… On va laisser le truc sortir. Voir comment les gens recevront notre musique. On a besoin de temps pour savoir où aller…



Christophe Dutoit

Eric Bulliard

8 mai 2008



Dernière modification le 16/09/2013 à 22:16


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