Accès membre, encore plus de Noirdez!!!
.:: www.atonetoile.com par MG ::.

Ajouté le 7 août 2009

Vu sur http://www.marseillecapitale.fr :

Avignon: "Ciels" de Wajdi Mouawad, huis clos multimédia aussi fascinant qu'oppressant
Le Festival d'Avignon a créé samedi soir "Ciels" de Wajdi Mouawad, huis clos multimédia aussi fascinant qu'oppressant, par lequel l'auteur et metteur en scène libano-québécois renouvelle son bouleversant théâtre de la narration et de la filiation.

A l'affiche jusqu'au 29 juillet, cette pièce vient clore un quatuor ("Le Sang des promesses") dont les trois premiers volets, mis bout à bout, ont fait vivre des nuits épiques (de 20h00 à 7h30) aux spectateurs de la Cour d'honneur du Palais des papes, en début de festival.

"Artiste associé" de ce 63e festival, Wajdi Mouawad a mis en scène "Littoral", "Incendies" et "Forêts" dans un rapport traditionnel (frontal) au public, et à partir d'une écriture épique avant tout portée par ses acteurs.

Sur ces points, le jeune quadragénaire innove avec "Ciels". Déjà, le spectateur se voit "assigner" -- le mot évoque une privation de liberté -- l'une des quatre portes d'accès à la salle, une boîte blanche aménagée dans un bâtiment sans âme du parc des expositions d'Avignon.

A l'intérieur, c'est la promiscuité: le public prend place sur des tabourets très proches les uns des autres, qui pivotent et donc offrent une vision à 360°. L'assistance ne perdra rien des scènes qui se jouent dans les alcôves -- simultanément, parfois -- ou des images projetées sur les parois.

En fait, les spectateurs ne sont que les statues bien alignées d'un jardin constituant un espace à part, au milieu d'un bâtiment-bunker où sont enfermés cinq espions chargés de déjouer, en écoutant des messages émis dans une multitude de langues, un projet d'attentat terroriste.

En narrateur brillant, Mouawad amène le spectateur à élucider un autre mystère, celui de la mort d'un des agents secrets, dont on apprendra qu'il était le père du cerveau de l'organisation terroriste (ni islamiste ni anarchiste, mais poétiquement inspirée par "L'Annonciation" du Tintoret...).

Du théâtre politique ? L'auteur, certes, n'est pas tendre avec la paranoïa sécuritaire des sociétés occidentales, mais son propos est ailleurs: interroger la question de la filiation. La perspective est cependant inversée par rapport à "Littoral", "Incendies" et "Forêts": dans "Ciels", les fils et filles ne sont plus en quête de leurs géniteurs. Ils se rebellent, tel cet activiste trentenaire auquel on prête la voix enregistrée de Bertrand Cantat et qui coordonne des attaques dans huit pays (France, Grande-Bretagne, Italie, Allemagne, Russie, Japon, Etats-Unis, Canada) dessinant "une géographie du sang versé, de la jeunesse massacrée" au XXe siècle.

Le propos peut paraître naïf, excessivement chargé en émotion. Mais Mouawad transcende son récit par la magie d'un verbe au souffle long et, un peu à la manière de son aîné québécois Robert Lepage, par la maîtrise des nouvelles technologies du son et surtout de l'image animée. La vidéo émerveille quand elle fait voler les lettres d'un poème à décrypter...

Le Libano-Québécois ne renonce heureusement pas à son théâtre d'acteurs, très engagés et éloquents lorsqu'ils ont le nom de John Arnold, Valérie Blanchon et Stanislas Nordey.

Après Avignon, "Ciels" tournera notamment à Limoges, Nantes, Toulouse, Chambéry, Grenoble, Montréal et Québec, avec une longue étape du 11 mars au 10 avril 2010 à l'Odéon-Théâtre de l'Europe (Ateliers Berthier) à Paris.

 

 

Vu sur http://www.festival-avignon.com :
entretien avec Wajdi MOUAWAD
(...)
Votre patrie serait donc la littérature. Quels sont les auteurs qui vous ont le plus impressionné ?
Deux rencontres ont été constitutives de ce que je suis devenu d’autant qu’elles ont eu lieu à l’adolescence : Franz Kafka et
les interprètes des chansons françaises, Jacques Brel, Édith Piaf, Léo Ferré, Serge Reggiani et plus tard Bertrand Cantat.
C’est ce mélange entre le Talmud et le cri du chanteur qui sont au fondement de mes sensations. L’un ne pourrait pas aller
sans l’autre. Je serai incapable d’en dire plus. C’est comme ça. J’aime faire dialoguer ensemble Sainte Thérèse de Lisieux et
Nietzsche car tous deux sont aussi fous l’un que l’autre et leur folie me bouleverse car je reconnais la mienne et du coup je
n’ai qu’une envie : l’exprimer aussi aveuglement qu’ils l’ont exprimé. Je serais incapable de dire pourquoi c’est tombé sur
moi, sauf peut-être parce que j’étais un lecteur assidu de tout ce qui me passait sous les yeux : Bob Morane, la Bibliothèque
Rose, le Club des 5… Sans doute parce que cela correspond à la période où je suis arrivé en France et que je vivais dans une
très grande solitude. Je rêvais d’être ces héros dont je constatais, en me regardant dans la glace, qu’ils étaient très loin de
moi… Un jour, j’avais treize ans, en me promenant dans la bibliothèque, je suis allé voir le rayon des « grands », des adultes,
et j’ai pris un livre que j’ai ouvert à la première page et j’ai lu : « Un matin, au sortir de rêves agités, Grégoire Samsa s’éveilla
transformé dans son lit en une horrible coquerelle ». C’était extraordinaire. J’ai découvert ensuite que ce livre La
Métamorphose mettait en scène un garçon dans sa famille, avec un père, une mère, une soeur et j’en suis resté transpercé.
Je me voyais en Grégoire Samsa. Pour les chansons, je choisissais celles qui portaient en elles une puissance émotive et lyrique.
C’était le mouvement de la chanson et la voix du chanteur qui m’intéressaient plus que les paroles que je ne comprenais
pas toujours, même si c’est avec ces chanteurs que j’ai vraiment appris le français. Au Québec ce furent les Pink Floyd,
Dépêche Mode et tous les groupes rock qui proposaient aussi une forme de lyrisme. C’est pourquoi quand je suis tombé sur
Lautréamont, je l’ai violement préféré à Rimbaud. J’ai écrit pour écrire comme Kafka, pour retrouver le mouvement émotif
de Jacques Brel pour toucher à la folie d’Isidore Ducasse. Tout vient de là, vraiment de là.
(...)

 

 

 

Vu sur http://fr.hdhod.com/

Wajdi Mouawad va offrir une tétralogie au Festival d'Avignon

Wajdi Mouawad offrira au Festival d'Avignon dont il est cette année l'artiste associé une tétralogie commencée voilà plus de dix ans, avec une traversée théâtrale d'une nuit entière dans la cour d'honneur du palais des Papes

Le dramaturge québécois d'origine libanaise, sourcier d'émotions qui dit porter son enfance "comme un couteau planté dans la gorge", a évoqué publiquement cette semaine à Avignon son projet qui s'intitulera peut-être "Le Sang des promesses" et ouvrira le 63e festival prévu du 7 au 29 juillet.
La guerre, l'exil, l'identité, la filiation hantent cet homme de 40 ans à l'allure juvénile, mal rasé, lunettes en bataille et cheveux ébouriffés. A huit ans, il a quitté son Liban natal déchiré par la guerre civile pour la France dont il a dû repartir à 16 ans pour le Québec.
En pleine écriture de "Ciels", le spectacle qui viendra clore la tétralogie formée avec "Littoral" (1997), "Incendies" (2003) et "Forêts" (2006), il reconnaît que "la guerre de Gaza interfère" mais ne se "sent pas prêt à en parler".
Auteur, acteur, metteur en scène, il revient à Avignon dix ans après y avoir présenté "Littoral" pour achever un projet qui s'est imposé en chemin au milieu d'autres pièces.
"Littoral", "Incendies" et "Forêts" seront montés dans la cour d'honneur pour un spectacle "de la tombée de la nuit à l'aube" et "Ciels" ailleurs "en contrepoint", explique Mouawad, qui avait refusé en 2005 un Molière du meilleur auteur francophone au nom de "sa façon d'aimer le théâtre".
"Je ne pars pas du principe que je vais révolutionner la cour d'honneur", s'amuse-t-il, heureux de "se mesurer joyeusement à la vibration" du festival. La cour est un lieu où le religieux "résonne" souligne-t-il, rappelant ses origines d'arabe chrétien.
Vingt-deux acteurs seront réunis, son équipe habituelle, sauf pour "Littoral" où ils auront moins de 30 ans, comme Mouawad et ses amis à la création du spectacle.
"Ce n'est pas une rétrospective, insiste-t-il, l'idée c'est de présenter le quatuor à l'occasion de son achèvement". Dans les trois premières pièces, "il ne s'agit que d'enfance, écartelée, peinée, trahie, inconsolée".
"Ciels", dont le titre vient compléter l'évocation des quatre éléments, parlera "d'écoute" et d'"horizons" mais l'auteur reste mystérieux.
Il en a toutefois lu la première réplique --"vous nous avez habitués au sang..."-- aux curieux venus l'écouter à Avignon et livré deux "morceaux du puzzle": une longue lettre fraternelle au chanteur de Noir Désir Bertrand Cantat et une réflexion sur l'Annonciation évoquée par l'Evangile et le Coran.
Il a montré des tableaux de cette scène, devinant chez le Tintoret une représentation du 11 septembre 2001 avec le terroriste, les avions pénétrant les immeubles et l'Occident bouleversé en place de l'ange, la colombe de l'Esprit Saint et la Vierge.

A propos du chanteur de Noir Désir, en liberté conditionnelle depuis 2007 après sa condamnation à 8 ans de prison pour avoir tué en 2003 sa compagne, l'actrice Marie Trintignant, il explique: "je viens d'un pays où il y a des victimes, des bourreaux, des juges. Je n'ai jamais voulu me dissocier d'aucun d'entre eux".
"Le paradis pour moi est lié à ma langue natale, or le bruit des canons m'a chassé de ma terre envahie", écrit-il. De son arrivée à Paris, il dit: "de ce jour date pour moi mon entrée dans le tragique, étranger depuis, surtout à moi-même. L'enfance est devenue un couteau planté dans ma gorge, je n'ose pas le retirer".

Dimanche 18 Janvier 2009 - 20:44
AFP




Dernière modification le 16/09/2013 à 22:17


© atonetoile.com - MG -