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Ajouté le 1er janvier 2011

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Culture - le 3 Décembre 2010

musique

Noir Désir, la fin d’une histoire

Après l’annonce du départ de Serge Teyssot-Gay, guitariste du groupe, Denis Barthe, le batteur, a signifié la séparation officielle de Noir Désir.

« Noir Désir, c’est terminé », a déclaré mardi en fin de journée Denis Barthe, batteur du groupe bordelais. « On ne va pas maintenir Noir Désir en respiration artificielle pour de sombres raisons. » Dont acte. L’un des groupes phares de la scène rock française rend les armes après le départ, plutôt inattendu, de Serge Teyssot-Gay, l’un des cofondateurs avec Bertrand Cantat de Noir Désir. La veille, le guitariste s’était fendu d’un communiqué sibyllin où il justifiait sa décision « pour désaccords émotionnels, humains et musicaux avec Bertrand Cantat, rajoutés au sentiment d’indécence qui caractérise la situation du groupe depuis plusieurs années ».

Un rock noir

Cette décision a dû prendre au dépourvu les trois autres membres du groupe puisque la semaine précédente, ils étaient tous les quatre en studio et devaient se retrouver ces jours-ci pour une nouvelle session de travail. L’on parlait volontiers d’un nouvel album pour 2011 soit dix ans après Des visages, des figures, le dernier du groupe sorti, étrange coïncidence, le 11 septembre 2001. S’en était suivie une tournée incroyable en 2002, puis l’année suivante jusqu’à la mort, tragique, de Marie Trintignant en août 2003 à Vilnius, en 
Lituanie. Bertrand Cantat est incarcéré et condamné à huit ans de prison après un procès extrêmement médiatisé. Face au drame, face à la stupeur et à l’incompréhension, le groupe reste soudé. Une autre tragédie surviendra en janvier dernier : le suicide de Kristina Rady, la mère des enfants de Bertrand Cantat, à leur domicile.

La dissolution du groupe sonne le glas d’une aventure qui a démarré au lycée, à Bordeaux, dans les années quatre-vingt. Noir désir publiera six albums, écumera les salles et les festivals sans relâche. On leur doit des morceaux d’anthologie qui ont fait vibrer des milliers de personnes : Tostaki, Marlène, l’Homme pressé, Un jour en France, À l’arrière des taxis, (clin d’œil à Maïkovski et Lili Brick), les Écorchés, Le vent nous portera.

Sur scène, la figure charismatique et la voix de Cantat, la puissance de jeu de Teyssot-Gay font vibrer à l’unisson le public. Il suffit des premiers accords plaqués sur la guitare survoltée de Teyssot-Gay, d’un roulement mené tambour battant de Denis Barthe ou du souffle impulsé par la basse de Jean-Paul Roy pour que le morceau soit ovationné avant même l’entrée en scène de Cantat. Chaque concert était unique, certains frôlant la perfection, d’autres moins tenus. C’était ainsi, comme la vie, avec ses hauts, ses bas. On se souvient d’un Olympia en 1996 ; des Eurockénnes de Belfort en 1998 ; d’un concert à Nancy en 2002…

Un rock contestataire

Le quatuor mène de front une carrière artistique irréprochable et des engagements militants savamment dosés qui lui confèrent une aura sans faille. Le groupe se produit pour soutenir des causes qu’il estime justes : à l’Élysée-Montmartre pour le Gisti ; au Zénith pour le Chiapas ; à Millau pour José Bové ou encore contre le sinistre Bruno Mégret à Vitrolles qui avait muré le Sous-Marin, la seule salle de rock de la ville… On a tous en mémoire l’adresse à Jean-Marie Messier, alors omnipotent patron d’Universal, lors des victoires de la musique rock que Noir Désir venait de remporter en 2002 : 
« Camarade Messier, tu permets que je t’appelle camarade » et qui se concluait ainsi : « Nous ne sommes pas dupes de ton manège et si nous sommes tous embarqués sur la même planète, on n’est décidément pas du même monde. »

Une page se tourne. Après la Mano Negra, les Négresses vertes, les Garçons bouchers, les Béruriers noirs qui avaient ouvert la voie par des chemins alternatifs à beaucoup dont Noir Désir, leur dissolution clôt trente ans de rock contestataire, agité du bocal, irrévérencieux.

La fin de Noir Désir « ce n’est pas la fin du monde », a ajouté Denis Barthe. Simplement la fin d’une aventure à quatre. Une aventure humaine et artistique. Sûrement pas la fin du chemin pour les uns et les autres. Pouvait-il en être autrement ? La vie, parfois, est plus forte que l’aventure. Elle, elle ne demande qu’à se poursuivre.

Musique

Marie-José Sirach

 


Dernière modification le 16/09/2013 à 22:17


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