Ajouté le 6 août 2008 Libération
Avril 2002
Beyrouth correspondance Organisée par lamission culturelle française, la tournée de Noir Désir dans la région acommencé le 2 avril en Syrie, à Alep, pour s'achever le 12 en Turquie, à Istanbul, en passant par le Liban et le Yémen. Le groupe a réduit son cachet à 4 500 euros, juste de quoi rémunérer l'équipe technique, pour que ce circuit soit possible. "A Paris, ils étaient ravis qu'on vienne dans la région, surtout qu'on n'a pas encore tourné en France. Commercialement, c'est un très bon choix", ironise Bertrand Cantat, les deux dates en Syrie étant a fortiori gratuites. A Beyrouth, les 1 200 billets disponibles à un prix résolument bas par rapport au marché (autour de 7,5 euros) sont déjà vendus deux jours avant le concert, un public éclectique composé à la fois d'admirateurs invétérés de Noir Désir, de ceux qui ne connaissent que Le vent nous portera et de curieux, qui ont vu à la télévision les Victoires dela musique, ou ont entendu parler de la désormais fameuse "Lettre à Jean-Marie Messier" (1). "Le feu à Beyrouth". Dans Commusication, une revue spécialisée, des Libanais interrogés au sujet de Noir Désir s'attendent à ce qu'ils viennent "foutre le feu à Beyrouth" ou même "adresser une lettre au Premier ministre, Rafic Hariri" ; ce qui revient à supposer que les membres du groupe soient au courant de toutes les imbrications de la politique locale, que les autochtones eux-mêmes ont du mal à suivre. Noir Désir veut pourtant s'informer. A la conférence de presse, qui a lieu dans la journée, on a convié, entre autres, des journalistes qui peuvent les éclairer sur la situation du pays. Pourtant, raccourci malheureux ou provocation, Bertrand Cantat, à qui on a vraisemblablement expliqué qu'à Beyrouth francophonie rime parfois avec élitisme, lance ironiquement à une salle comble et sincèrement enthousiaste : "On nous a dit que notre public était très éduqué, mais, c'est bien, vous êtes déjà debout." Prévus depuis des mois en fonction de la disponibilité du groupe, les concerts en Syrie et au Liban surviennent à un moment où la tension dans la région est à son paroxysme. En Syrie, Noir Désir a eu l'occasion de se joindre à une manifestatio npropalestinienne. D'ailleurs, sur le conflit israélo-palestinien, le groupe prend clairement position : "Depuis qu'on est au Proche-Orient, on pense au peuple palestinien, y compris à ceux qui sont au Liban." Probablement sortis d'une des nombreuses manifestations qui ont lieu à Beyrouth depuis le début de l'offensive israélienne, des fans rassemblés au bord de la scène brandissent le drapeau palestinien et le font danser au rythme de lamusique. Les applaudissements sont plus timides quand Bertrand Cantatenchaîne: "On pense à toutes les personnes qui sont prises en otages dans ce genre de situation, même du côté israélien." Keffieh. Sur scène, le chanteur arbore un keffieh qu'il garde autour du cou pendant tout le concert, même quand il se déroule et vient se prendre dans les cordes de sa guitare. (1) Violente charge du groupe, lors de la cérémonie des
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